Le retour, c’est la période la plus délicate d’un long voyage. Après plusieurs mois à vivre intensément et sans contrainte, on est contents de retrouver nos proches, mais on a souvent ensuite un coup de déprime, plus ou moins marqué selon les voyageurs. Dans ce dossier, on vous explique comment aborder les différents aspects de votre retour et comment éviter que le coup de blues ne se prolonge trop longtemps.
Nous avons réalisé une grande enquête du 19 au 21 décembre 2017, auprès de 559 grands voyageurs, dans laquelle nous leur avons posé de nombreuses questions au sujet de leur retour. Nous y ferons référence tout au long de ce dossier. En savoir plus sur notre méthodologie
La proportion des répondants dont le retour s’est très ou assez bien passé est un peu plus élevée chez les hommes (71 %) que chez les femmes (63 %).
Elle est également plus élevé chez ceux qui voyagent en famille (71 %) que chez ceux qui voyagent à plusieurs adultes (67 %) ou seuls (62 %).
Le retour est vécu de façon très différente d’un voyageur à l’autre. Certains reprennent leur vie d’avant, comme s’ils étaient seulement partis quelques semaines en vacances. D’autres ont plus de difficultés à se réacclimater. Beaucoup de tourdumondistes passent par plusieurs phases lors de leur retour.
Quand vous rentrez d’un long voyage, vous êtes heureux de revoir les proches dont vous avez été éloigné pendant longtemps et de retrouver le confort de la vie occidentale. Vous avez un peu l’impression d’être une star et prenez beaucoup de plaisir à raconter vos aventures à tout le monde.
Au bout de quelques semaines ou de quelques mois, la routine se réinstalle. La vie d’avant reprend son cours. Vous avez parfois l’impression d’être revenu à la case départ. Vous vous sentez moins épanoui que pendant votre voyage et vous y repensez avec nostalgie.
Il faut vous laisser le temps de prendre du recul, d’intégrer tout ce que vous avez vécu. Accordez-vous le droit de ne pas vous sentir bien, c’est une étape assez normale. L’intensité et la durée de cette période de déprime varient beaucoup d’un voyageur à l’autre.
Au bout d’un moment, le voyage semble loin. Vous commencez à prendre du recul et à intégrer tout ce que vous avez vécu pendant votre tour du monde. Vous construisez de nouveaux projets et l’effervescence de la vie quotidienne fait s’estomper peu à peu votre mélancolie.
Ce qui vous paraissait étrange dans votre pays redevient progressivement ordinaire et vous vous sentez de plus en plus à l’aise dans votre environnement. Vous pouvez recommencer à profiter pleinement de votre pays, le contre-choc culturel étant, à ce moment, normalement dépassé.
Le retour, c’est comme un choc culturel, mais chez vous.
Le retour d’un tour du monde est l’occasion de faire une grande fête avec votre famille et vos amis. Certains tourdumondistes rentrent même plus tôt que leur date de retour annoncée pour faire la surprise à leurs proches.
Vous êtes heureux de les retrouver après autant de temps passé loin d’eux et avez l’impression de les avoir quittés la veille. Vos frères et soeurs ont peut-être eu des enfants pendant votre absence et vous avez la joie de rencontrer enfin vos neveux ou nièces.
En voyage, on rencontre énormément de monde, mais ce sont des relations qui durent rarement très longtemps. Ça fait du bien de retrouver des attaches durables en rentrant.
Cependant, beaucoup de voyageurs sont déçus par le peu d’intérêt que portent leurs proches à leurs aventures. Tout le monde n’attend pas un récit détaillé. Beaucoup posent quelques questions, souvent les mêmes, du genre « Quel pays as-tu préféré ? » ou « C’est quoi le lieu incontournable ? » et enchaînent vite sur les actualités de la vie quotidienne.
On vous demandera parfois juste « C’était bien ? », comme si vous étiez parti en vacances deux semaines. Le sujet du voyage est rapidement mis de côté alors que vous aimeriez en parler des heures. Vous aurez peut-être la sensation d’être le seul à vraiment comprendre ce que vous avez vécu, sans pouvoir l’expliquer.
Quand vous n’étiez plus là, vos amis et votre famille ont appris à faire sans vous et il peut être difficile de retrouver votre place.
Ça fait du bien de retrouver ceux qu’on aime
Pour eux, rien n’a changé, alors que vous n’êtes plus le même. Certains ex-tourdumondistes ont du mal à se réinsérer dans la société. Ils se sentent déconnectés, en décalage, parfois incompris, un peu comme étrangers à leur propre pays. Ils ont l’impression de subir le manque d’ouverture d’esprit des autres et les trouvent fermés aux idées extérieures. Il n’est pas facile de côtoyer à nouveau des gens qui vous ressemblent. Les rencontres vous manquent.
À votre retour, vous ferez parfois face à une incompréhension quant à vos choix de voyage ou de vie. Votre blues du retour peut paraître illégitime aux yeux de vos proches, car pour eux, vous revenez d’un an de « vacances ». Certains vous jugent ou vous font la morale : « Tu vas faire quoi maintenant ? Tu cherches du boulot ? »
Au retour de votre tour du monde, vous devez aussi faire face à des préoccupations plus matérielles. La première est de savoir où loger.
Si vous aviez mis votre logement en location ou en sous-location pendant votre voyage, il faut seulement vous assurer que la fin du bail de votre locataire correspond bien à votre date de retour. Vous pourrez alors réemménager dans votre appartement ou votre maison.
Si vous avez résilié votre bail ou vendu votre logement avant de partir, vous devez en trouver un nouveau à votre retour.
Comme vous n’avez pas travaillé ni payé de loyer en Europe depuis longtemps, vous n’avez ni fiche de paye ni quittance de loyer récente. Sans ces documents, beaucoup de propriétaires ne vous font pas confiance. Il est donc difficile de trouver un logement dès votre retour, particulièrement dans les grandes villes. Cependant, vous pouvez essayer d’écrire une lettre expliquant votre parcours pour accompagner votre dossier et demander à vos parents de se porter garants pour rassurer les propriétaires.
La plupart des tourdumondistes logent dans leur famille ou chez des amis à leur retour. Revenir auprès de vos proches vous permet d’avoir un sas de décompression avant le retour à la « vie réelle ».
Loger chez papa maman ou chez des potes, c’est sympa un moment, mais vous risquez d’avoir le sentiment de ne pas vraiment être chez vous. Vous aurez peut-être le sentiment de déranger ou de manquer d’intimité. Les voyageurs qui ont répondu à notre enquête y sont restés en moyenne deux mois.
Jouer les Tanguy, c’est sympa au début, mais on s’en lasse vite.
Il est vital d’avoir une assurance maladie en rentrant.
Quand vous partez en tour du monde, vous n’avez pas besoin d’indiquer à la CPAM que vous quittez le territoire. Votre résidence est toujours officiellement en France. Vos droits à l’assurance maladie restent ouverts pendant douze mois à partir du moment où vous arrêtez de cotiser.
Vous êtes couvert et n’aurez donc rien à faire en rentrant. Cette couverture sera prolongée dès que vous aurez retrouvé un emploi ou serez inscrit en tant que demandeur d’emploi, étudiant ou indépendant.
Vous ne serez peut-être plus assuré à votre retour. Pour vérifier si vous l’êtes encore, essayez de vous connecter à votre compte Ameli. Si vous pouvez encore y accéder, c’est que vous êtes encore couvert. Si vous avez été radié, le site d’Ameli vous affichera le message suivant “D’après nos informations vous ne dépendez plus du régime général de l’Assurance Maladie”.
Vous avez plusieurs solutions pour retrouver vos droits :
Vous pouvez aussi en souscrire une à votre retour pour compléter la part des éventuels frais de santé non pris en charge par l’assurance maladie.
L’assurance Chapka Cap Tempo France peut vous couvrir en cas de coup dur (frais de santé, en cas d’accident ou de maladie soudaine et imprévisible).
Si vous aviez fait une rupture conventionnelle, terminé un contrat ou été licencié avant votre départ, vous avez sans doute ouvert, puis suspendu, vos droits au chômage, comme nous le conseillons dans notre dossier. Vos droits sont alors mis en pause pour une durée maximale de trois ans. À votre retour, il vous suffit de vous réinscrire au Pôle Emploi en tant que demandeur d’emploi pour bénéficier des allocations chômage.
27 % des tourdumondistes ont reçu des allocations chômage à leur retour. Ils restent en moyenne trois mois au chômage avant de reprendre un travail.
Si vous n’avez pas de droits au chômage, vous pouvez faire une demande de RSA à votre retour. Le RSA est calculé au niveau du foyer. Si votre conjoint touche des allocations chômage, il est donc possible que vous n’ayez pas droit au RSA.
Après plusieurs mois, voir plusieurs années, autour du monde, votre compte en banque n‘est en général pas très garni. Le coût de la vie étant sensiblement plus élevé en Europe qu’en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique, vous allez vite avoir besoin de le renflouer.
Selon notre enquête, seuls 20 % des voyageurs qui avaient quitté leur boulot avant de partir commencent à chercher un travail avant de rentrer. En général, les tourdumondistes s’accordent quelques semaines de transition avant de reprendre leur boulot ou d’en chercher un nouveau à leur retour. Cette période vous permet de vous réadapter à votre nouvel environnement et de profiter de vos proches avant de vous relancer dans le travail. Ceux qui cherchent un job en rentrant commencent leurs recherches en moyenne un mois après leur retour.
Vous n’avez en général pas de mal à retrouver un travail. Selon 75 % des voyageurs, les recruteurs considèrent favorablement le fait qu’ils aient fait un tour du monde. En effet, vous pouvez assez facilement mettre en avant les nombreuses compétences que ce voyage vous a permis de développer : débrouillardise, maturité, capacité d’adaptation, mobilité, langues étrangères, curiosité, envie d’apprendre, ouverture d’esprit, dynamisme, autonomie, flexibilité… À partir du début de leurs recherches, ils mettent en moyenne deux mois à retrouver un job.
Les voyageurs peuvent vivre leur retour de façons très différentes. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’y a en moyenne pas de différence entre la façon dont se passe le retour pour ceux qui avait lâché leur boulot avant de partir et pour ceux qui l’avaient gardé.
Certains reprennent une activité professionnelle comme après un simple retour de congés, sauf que celui-ci a duré beaucoup plus longtemps. Ils ont besoin de remettre leurs compétences au service des autres et apprécient le fait de retrouver une activité intellectuelle et un boulot intéressant. On ne perd pas ses compétences en voyage et on reprend vite ses vieilles habitudes. Ils sont aussi heureux de revoir leurs collègues ou d’en rencontrer de nouveaux, de répondre à leurs questions et de leur parler de leur voyage et de leurs aventures.
Beaucoup de tourdumondistes ont, en revanche, du mal à se remotiver à travailler. Ils n’ont plus l’habitude d’être enfermés dans un bureau et de bosser devant un ordinateur toute la journée (même si ce n’est pas le cas dans tous les métiers). Retrouver des contraintes horaires et une hiérarchie leur pèse.
Certains ex-voyageurs ont besoin de plusieurs semaines d’adaptation pour se remettre dans le bain et retrouver le rythme, la concentration et l’efficacité qu’ils avaient avant de partir. Même s’ils n’ont pas perdu en compétences, certains automatismes et réflexes mettent du temps à revenir. Ils ont l’impression de devoir refaire leurs preuves et sont un peu à l’ouest par rapport aux impératifs des Européens, qui leur paraissent superficiels.
Au début, on a encore parfois la tête ailleurs au bureau.
Ils se demandent un peu ce qu’ils font là. Les faux-semblants au travail n’ont rien à voir avec les rencontres qu’ils ont pu faire au cours de leur voyage et ils ont du mal à trouver du sens à leur métier.
Ceux qui avaient pris un congé sabbatique, un congé sans solde ou s’étaient mis en disponibilité, ont parfois la sensation d’être revenus au point de départ, voir même d’être retournés en arrière. L’organisation dans laquelle ils travaillent peut avoir évolué, s’être réorganisée et ils peinent à y retrouver leur place. Le retour à un boulot que l’on n’appréciait déjà plus avant le départ ne fait en général que confirmer une envie de changement. Au retour, un tourdumondiste sur trois se reconvertit, reprend des études, crée son entreprise ou s’expatrie.
Vous en avez rêvé pendant des mois !
Même si vous avez apprécié les saveurs exotiques des pays que vous avez explorés, ça fait quand même plaisir de retrouver la bonne bouffe : le pain croustillant, les plateaux de délicieux fromages, la bonne charcuterie, le vin… Vous redécouvrez le plaisir de faire vos propres courses et de préparer à manger dans une cuisine.
Vous appréciez aussi d’avoir votre intimité, de dormir tous les soirs dans votre lit confortable et propre, dans un logement chauffé. Votre première une douche bien chaude dans une salle de bain propre, sans devoir mettre vos tongs, est bien agréable.
Certains se font aussi une joie de retrouver leur garde-robe, de ne plus s’habiller tous les jours de la même façon. D’autres au contraire, se sentent désormais étouffés par une trop grande accumulation de biens matériels.
Au retour, vous êtes dans un premier temps content de ne plus avoir à prévoir chaque jour le lendemain, de ne plus devoir réfléchir à “Je fais quoi ? Je vais où ? Comment aller à la gare ? Comment réserver le prochain hôtel ?”. Vous appréciez ne plus refaire votre sac et changer de lieu tout le temps. Vous êtes heureux de pouvoir regarder un bon film dans un canapé, de profiter du calme et de ne rien faire, tout simplement.
Mais au bout d’un moment, les obligations très terre-à-terre du quotidien commencent à vous peser. Vous devez vous lever à une heure fixe pour prendre les transports, aller travailler, faire des courses, le ménage, la paperasse…, le train-train habituel. Vous n’êtes plus émerveillé tous les jours. Vous n’êtes plus dans la découverte constante. Vous êtes moins actif physiquement et vous manquez d’adrénaline. Vous avez l’impression de manquer de spontanéité et de liberté en redevenant sédentaire.
De retour en Europe, il est possible que vous vous sentiez en décalage avec la société de consommation excessive. Sans forcément partir élever des chèvres dans le Larzac, vous ressentez un peu moins le besoin de posséder des choses.
Les gens habillés en noir et qui font la gueule dans les transports vous paraissent bien tristes par rapport aux sourires rencontrés pendant votre voyage. Vous aurez peut-être tendance à critiquer votre pays et à le comparer à ceux que vous avez visités.
Vous avez l’impression que les gens se plaignent et râlent pour un rien, parfois même qu’ils sont agressifs. Vous stressez pour des banalités, un métro raté par exemple, alors qu’en tour du monde, vous preniez ce genre de mésaventure avec beaucoup plus de recul.
Vous devez à nouveau gérer votre temps, jongler avec les contraintes horaires et remplir les cases d’un agenda. Il vous faudra un peu de temps avant que ce sentiment d’urgence permanente ne s’estompe.
Avouez que ça vous manquait !
Le soleil vous rend plus expansif, plus euphorique, plus énergique, car il bloque la synthèse de la mélatonine, une hormone. Rentrer en Europe à la mauvaise période signifie retrouver la pluie et le froid. Après des mois passés dans des pays tropicaux à vous dorer au soleil, ça peut faire un choc. C’est pourquoi une majorité de tourdumondistes choisit de rentrer entre les mois de mai et d’août.
On vous conseille de garder un peu d’argent pour votre retour, ça vous aidera à être plus libre. Vous pourrez ainsi vous accorder de petits plaisirs en faisant des choses que vous aimez, comme sortir boire des verres avec les copains par exemple. Selon notre enquête, les tourdumondistes gardent en moyenne 2 000 € pour leur retour. Seuls 11 % ont eu des problèmes d’argent à leur retour.
Pendant votre voyage vous êtes perpétuellement en mouvement et dans la découverte. Un des meilleurs moyens de garder le moral au retour, c’est de rester actif, surtout si vous ne reprenez pas le travail tout de suite. Voici donc quelques idées de projets et d’activités suggérées par les tourdumondistes qui ont répondu à notre enquête pour éviter d’avoir l’impression de stagner :
La plupart des tourdumondistes finissent par trouver un équilibre après le retour, mais beaucoup gardent un instinct de voyageur. La nostalgie des bons moments vécus en voyage vous donne envie de repartir.
Un long voyage vous fait prendre conscience que vous ne connaissez pas aussi bien votre pays que vous ne le pensiez. Pour garder le rythme de découverte, vous pouvez redécouvrir les richesses de votre région. Accueillir des couchsurfeurs, vous permettra de continuer à parler anglais, de discuter avec d’autres voyageurs et de découvrir votre ville sous un nouvel angle.
Si vous aimez la randonnée, partez marcher en forêt, en montagne ou au bord de la mer. L’Europe offre aussi de merveilleux paysages qui ne demandent qu’à être explorés. C’est un excellent moyen de garder un contact avec la nature.
Vous avez toujours vos congés pour partir plus loin. En posant trois ou quatre semaines consécutives, vous pouvez encore très bien apprécier des pays que vous n’avez pas explorés pendant votre tour du monde. Les ex-tourdumondistes gardent en général l’habitude de voyager assez lentement, même pendant leurs vacances.
Certains rempilent parfois pour un nouveau long voyage. Veillez cependant à bien dissocier cette envie de repartir d’un éventuel mal-être lié à votre retour. Si vous repartez avec des problèmes non résolus, ils referont probablement surface à votre prochain retour.
La fièvre du voyage est-elle une maladie guérissable ?
D’autres optent pour une activité professionnelle qui leur permet de travailler de n’importe où par Internet. Ces nomades digitaux peuvent aussi continuer à voyager sans avoir à prévoir de date de retour. Voir notre dossier sur le travail en voyage
Enfin, vous pouvez aussi opter pour l’expatriation. Si vous avez un coup de coeur pour un pays au cours de vos voyages, pourquoi ne pas y poser votre sac à dos pour un moment ? Vivre longtemps dans un pays permet de s’imprégner beaucoup plus en profondeur de sa culture.