En tant que voyageurs ayant une conscience écologique, on doit faire face à un gros dilemme. On part pour s’émerveiller devant les beautés de la nature, mais en voyageant, on participe à sa destruction. Ce dossier n’a pas pour objectif de vous faire une leçon de morale. On vous y explique les différentes façons dont le voyage peut impacter l’environnement, mais surtout, on vous donne toutes les solutions pour minimiser votre empreinte écologique.
Il y a aujourd’hui un quasi-consensus de la communauté scientifique sur le fait que les émissions de gaz à effet de serre, notamment le dioxyde de carbone (CO2), sont responsables de l’augmentation progressive de la température moyenne à la surface de la Terre. Si jamais vous faites partie des rares personnes qui en doutent encore, on vous conseille de lire cet article.
Le graphique ci-dessus montre la température de surface mondiale annuelle par rapport à la température mondiale moyenne enregistrée entre 1961 et 1990. Les températures négatives indiquent des années plus froides que la moyenne; les températures positives indiquent des années plus chaudes que la moyenne. Par exemple, une barre +0,5 C signifie qu’à ce moment-là, la température était supérieure de 0,5 degré celsius à la moyenne de la période de 30 ans de 1961 à 1990. Et, en 2021, la température moyenne mondiale était déjà supérieure de près d’un degré Celsius par rapport à cette même période.
Sources : NASA, NOAA, Hadley CenterLes conséquences du réchauffement climatique sont déjà graves et continuent d’empirer :
Le réchauffement climatique a donc de nombreuses conséquences négatives sur la biodiversité, mais aussi directement sur l’homme : baisse des rendements agricoles, diminution des ressources en eau, destruction des lieux de vie, extension des zones infestées par certaines maladies, abandon de zones devenues inhabitables…
Il est difficile de comparer les émissions de gaz à effet de serre de la vie « normale » en France de celles d’un tour du monde. En effet, en fonction de votre mode de vie en France et de votre façon de voyager, votre empreinte carbone peut varier énormément. On va tout de même essayer de se prêter à l’exercice. Les chiffres qu’on vous donne ici sont des moyennes et ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Ils pourront cependant vous donner un ordre de grandeur.
Le CO2 n’est pas le seul gaz à effet de serre. D’autres gaz y participent : méthane, protoxyde d’azote… En multipliant leurs émissions par un facteur de conversion, on obtient un chiffre en « tonnes équivalent CO2 » qui représente le potentiel de réchauffement global.
La quantité moyenne de gaz à effet de serre émise par les Français est de 6,6 tonnes équivalent CO2. Cependant, si on inclut les gaz émis à l’étranger pour produire les biens importés en France, notre empreinte carbone est de 10,8 tonnes équivalent CO2 par personne. (Source : Chiffres clés du climat : Ministère de la Transition Économique et Solidaire).
Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement, pour limiter le réchauffement de la planète à +2°C, il faudrait réduire nos émissions à 1,7 tonne de CO2 par personne par an.
Selon l’étude Ménages et environnement du Ministère de la Transition Économique et Solidaire, l’empreinte carbone des Français se décompose en six postes :
Le transport représente plus d’un quart des émissions de CO2 des Français.
On fera moins les malins quand Maître Gims et M. Pokora sortiront des tubes de l’été toute l’année à cause du réchauffement climatique…
En voyage, la grosse différence dans les émissions de CO2 se situe au niveau du transport. En France, les 27 % de 10,8 tonnes équivalent CO2 correspondent à des émissions liées au transport de 2,9 tonnes par an et par personne en moyenne. Si en France vous vous déplacez principalement en transports en commun, à vélo et/ou à pied, vos émissions sont, bien entendu, plus faibles.
Selon nos enquêtes, les tourdumondistes prennent en moyenne 14 vols en classe économique en comptant les billets achetés en cours de route. Nous avons analysé leurs itinéraires et calculé leurs émissions. Ils émettent en moyenne 15 tonnes équivalent CO2 uniquement en prenant l’avion.
En France, le chauffage est le principal poste émetteur de CO2 des habitations (82 % du poste logement). Votre empreinte carbone liée au logement sera donc plus faible en voyage si vous passez principalement par des pays chauds comme la plupart des tourdumondistes, car il n’y aura pas de chauffage (à condition de ne pas utiliser systématiquement la climatisation).
En voyage, vous mangerez autant qu’en France, vous aurez peut-être besoin d’être soigné, vous bénéficierez de services publics (eau, éclairage, ramassage des déchets, police…) et vous devrez vous équiper et vous habiller. Les quatre derniers postes diffèrent donc peu entre une année en France ou une année en voyage.
1 an en France selon les chiffres du Ministère :
Total : 10,8 tonnes équivalent CO2
1 an en tour du monde selon nos calculs :
Total : 21,4 tonnes équivalent CO2
Selon le rapport Planète Vivante du WWF, la planète a perdu 60 % des vertébrés sauvages depuis 1970. 39 % des animaux terrestres, 39 % de la vie marine et 76 % des animaux d’eau douce ont disparu.
Leurs données sont recueillies à partir de revues scientifiques, de bases de données en ligne et de rapports gouvernementaux. Les résultats rapportés ici sont basés sur 16 704 populations de 4 005 espèces différentes.
Les principales menaces pour la biodiversité sont :
En 2016 et 2017, 30 % des coraux de la Grande Barrière en Australie ont blanchi.
Lorsqu’on voyage, notre principal impact sur la biodiversité se fait via le réchauffement climatique lié aux transports. Par exemple, en accélérant le réchauffement de l’eau et l’acidification des océans, on participe au blanchissement des récifs de corail qui abritent 25 % de la vie marine.
Mais l’impact des voyageurs sur la biodiversité peut prendre de nombreuses autres formes : construction d’hôtels qui empiètent sur des habitats naturels, coupe d’arbres pour chauffer les hôtels, rejets des eaux de toilette sans retraitement, bouteilles plastiques qui finissent dans la mer, surpêche pour fournir les restaurants, intrusions de randonneurs et de plongeurs dans les habitats naturels, introduction d’espèces invasives…
Selon nos calculs, les transports représentent en moyenne environ 75 % des émissions de gaz à effet de serre lors d’un tour du monde. Si vous voulez limiter l’empreinte carbone de votre voyage, c’est donc là qu’il faudra concentrer la plus grande partie de vos efforts. Si vous voyagez zéro-déchet, mais que vous prenez beaucoup de transports polluants, vos efforts ne serviront malheureusement pas à grand-chose.
Notre premier conseil est d’essayer de ne pas voyager trop vite. Quand on prépare un tour du monde, on est comme un enfant devant un buffet d’anniversaire. On a envie de goûter à tout et on finit avec une indigestion. Essayez de restreindre le nombre de pays que vous visitez. Le principal avantage d’un long voyage est de pouvoir laisser le temps à l’imprévu. Si vous voyagez lentement, vous réduirez votre empreinte carbone tout en vous laissant la chance de saisir des opportunités qui ne manqueront pas de survenir en cours de route.
Vous n’êtes pas non plus obligé de faire un tour du monde. Si votre voyage dure moins d’un an, il vaut peut-être mieux vous concentrer sur un ou deux continents. Cela vous permettra de mieux vous immerger dans les cultures locales et vous évitera de prendre des vols transcontinentaux très polluants.
Comparer les émissions de CO2 des différents moyens de transport n’est pas un exercice facile, car beaucoup de paramètres peuvent faire varier les résultats :
De nombreux calculateurs permettent d’estimer les émissions de CO2 de chaque moyen de transport. Ils donnent tous des résultats différents. Nous avons choisi de nous référer uniquement aux données de la Base Carbone de l’ADEME (L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), accessibles après inscription gratuite. Ce sont les plus complètes, car elles incluent :
Le transport d’un véhicule (camping-car, van…) par bateau roulier émet 419 grammes équivalent CO2 par kilomètre.
L’avion est, de loin, le moyen de transport qui a le plus d’impact sur le réchauffement climatique lors d’un long voyage. Il représente presque les trois quarts des émissions de CO2 des tourdumondistes.
En effet, même si un avion long-courrier n’émet pas plus de C02 au kilomètre qu’une voiture avec un seul passager à bord, les distances parcourues en avion sont telles que son impact sur le climat est largement plus élevé.
Les traînées de condensation des avions accélèrent le réchauffement climatique.
L’avion impacte le climat de trois façons :
Source : Organisation de l’aviation civile internationale
Plusieurs calculateurs affichent donc maintenant un « équivalent CO2 » prenant en compte l’impact de tous ces facteurs.
Le planificateur de voyage A-contresens qui est utilisé par beaucoup de tourdumondistes, calcule automatiquement les émissions de CO2 émises par les vols de votre itinéraire. Cependant, leurs estimations sont très basses. Elles ne prennent sans doute pas en compte les autres facteurs de réchauffement climatique des avions.
Nous vous conseillons donc de calculer vous-même vos émissions de CO2 en multipliant le nombre de kilomètres de vos vols par les facteurs d’émissions de l’ADEME correspondants.
Émission des avions en fonction de la distance du vol et du nombre de passagers
(en grammes équivalent CO2 par passager et par kilomètre)
Nombre de passagers
Distance (km) |
Moins de 50 passagers | 50 – 100 passagers | 100 – 180 passagers | 180 – 250 passagers | Plus de 250 passagers |
---|---|---|---|---|---|
Moins de 1 000 km | 683 g | 453 g | 314 g | 293 g | |
1 000 – 2 000 km | 906 g | 314 g | 258 g | 216 g | |
2 000 – 3 000 km | 1 200 g | 209 g | 237 g | 209 g | |
3 000 – 4 000 km | 230 g | 230 g | 251 g | ||
4 000 – 5 000 km | 293 g | 307 g | 258 g | ||
5 000 – 6 000 km | 286 g | 230 g | 223 g | ||
6 000 – 7 000 km | 223 g | 209 g | |||
7 000 – 8 000 km | 202 g | 209 g | |||
8 000 – 9 000 km | 223 g | 230 g | |||
9 000 – 10 000 km | 216 g | 223 g | |||
10 000 – 11 000 km | 216 g | ||||
Plus de 11 000 km | 223 g |
Vous trouverez la distance entre deux villes en tapant par exemple « distance Paris Bangkok » sur Google. Le type d’appareil dans lequel vous volez est généralement indiqué sur votre billet. Vous trouverez le nombre de passagers par type d’appareil sur Wikipedia pour les Airbus et les Boeing.
Si vous ne voulez pas vous embêter avec ces calculs, vous pouvez utiliser le calculateur de Carbon Footprint. Il prend moins de critères différents en compte. Ses résultats sont donc moins élevés que ceux de l’ADEME.
Le meilleur moyen de minimiser votre impact sur le climat, c’est de voyager avec d’autres moyens de transport que l’avion.
Pour y arriver, il faut vous mettre dans cet état d’esprit dès le début de la planification de votre voyage. Le but est d’essayer de construire un itinéraire le plus continu possible, avec un minimum de trous, pour pouvoir vous déplacer au maximum par voie terrestre.
Si vous n’êtes pas prêt à renoncer complètement à l’avion, vous pouvez tout de même limiter le nombre de vos vols. Si au lieu de prendre 14 vols comme la moyenne des tourdumondistes, vous arrivez à vous limiter à un vol entre chaque continent, vous limiterez déjà énormément vos émissions de CO2.
Par exemple, si vous ne prenez qu’un vol Paris – Moscou, un vol Pékin – Los Angeles et un vol New York – Paris en classe économique, vous n’émettez que 2,5 tonnes de CO2, soit six fois moins qu’un tour du monde moyen.
C’est à l’atterrissage et au décollage qu’un avion consomme le plus de kérosène. Plus un vol est court, plus il émet de CO2 par kilomètre parcouru.
Exemple d’itinéraire bas-carbone
Évitez donc de prendre des vols pour de courtes distances et les vols avec escales. Utilisez au maximum les tronçons terrestres pour minimiser la distance parcourue en avion au sein de chaque continent.
Il existe trois voies principales pour aller d’Europe en Asie par voie terrestre :
Dans les forums et les groupes Facebook de voyageurs, on voit de plus en plus de discussions sur l’impact environnemental de l’avion. Beaucoup de backpackers ont des réactions négatives vis-à-vis des personnes qui lancent ce type de débats. Ils avancent plusieurs types d’arguments pour justifier le choix de continuer à prendre l’avion qui se résument souvent à dire « D’autres polluent plus que nous, je ne vois pas pourquoi on ferait des efforts. ». Nous les avons listés ci-dessous en y apportant notre point de vue.
« Si tu ne prends pas l’avion, d’autres le prendront à ta place de toute façon. »
Si on décide de ne pas prendre un avion pour un déplacement, on fait diminuer la demande globale. Si de plus en plus de gens décident de moins prendre l’avion, la demande globale pour l’aviation diminuera et fera baisser les prix des billets. Certains vols ne seront donc plus rentables et les compagnies fermeront des routes aériennes. Les émissions de CO2 seront donc réduites.
« L’avion ne représente qu’une faible part des émissions de CO2 mondial. Les voyageurs ne polluent donc pas beaucoup. »
D’après une étude de Bernd Kärcher parue en 2018 dans la revue Nature Communications, en prenant en compte l’effet des traînées de condensation, l’aviation est responsable de 4 % du réchauffement climatique d’origine humaine. C’est la source d’émission de CO2 qui connaît la croissance la plus rapide : +7 % par an selon IATA (soit un doublement tous les dix ans). Lors d’un vol aller-retour Paris-Sydney en classe éco, on émet autant de CO2 en 48 heures qu’un Français moyen en 8 mois.
« L’avion ne pollue pas plus que la voiture par kilomètre et par personne. »
En avion, on parcourt beaucoup plus de kilomètres qu’en voiture. Donc, même si en prenant l’avion en classe économique, on pollue à peu près autant par kilomètre qu’en conduisant une voiture seul, la quantité totale de CO2 émise et largement supérieure. Ainsi en un vol aller-retour Paris – Barcelone, on émet autant de CO2 qu’en allant travailler tous les jours en voiture à 5 km de chez soi pendant un an :
« Ce sont les Chinois qui polluent le plus, donc à quoi bon faire des efforts ? »
L’Union européenne représente 10 % des émissions de CO2 mondiale contre 30 % pour la Chine. Cependant, il ne faut pas oublier que les Chinois sont beaucoup plus nombreux que nous et qu’une grosse partie de leurs émissions provient de la fabrication d’objets que nous importons. Si on attribue l’empreinte carbone aux pays consommateurs finaux, les Chinois émettent chaque année 6,1 tonnes équivalent CO2 par habitant, contre 7,8 tonnes pour les Européens (Source : Chiffres clés du climat, Ministère de la Transition Économique et Solidaire). Un Chinois pollue donc moins qu’un Européen.
« Ce sont surtout les industriels qui polluent, pas les voyageurs. »
L’industrie et la construction ne sont responsables « que » de 19 % des émissions de CO2 mondiales, contre 24 % pour le transport (Source : Chiffres clés du climat, Ministère de la Transition Économique et Solidaire ). De plus, si l’industrie pollue, c’est pour produire des objets que nous achetons. En achetant moins de choses non indispensables et en achetant plus souvent d’occasion, il ne tient qu’à nous de faire diminuer ces émissions.
« Faire des enfants ça pollue plus que prendre l’avion. Tu n’en as pas donc tu peux prendre l’avion. »
Une étude publiée dans l’ Environmental Research Letters a calculé qu’avoir un enfant en moins équivaut à une réduction de 58 tonnes équivalent CO2 pour chaque année de vie des parents. Ce chiffre a été calculé en totalisant les émissions de l’enfant et de ses descendants, puis en divisant ce total par l’espérance de vie des parents. Chaque parent s’est vu attribuer 50 % des émissions de l’enfant, 25 % des émissions des petits-enfants, etc. En effet, ça équivaut à un bon paquet de trajets en avion. Mais si vous êtes prêt à renoncer à avoir un enfant uniquement pour réduire votre empreinte carbone, prendre l’avion moins souvent est un sacrifice beaucoup plus facile non ?
Le jet privé, c’est pratique pour partir en weekend au ski !
« Puisque les riches font pire que nous. Toi, simple citoyen, tu t’en cognes, tu peux continuer à prendre l’avion. »
En général, plus on est riche plus on pollue. On a une plus grande maison à chauffer, une plus grosse voiture, on prend plus souvent l’avion… Mais on trouvera toujours quelqu’un de plus riche que nous. À l’échelle de la planète, quasiment tous les Européens sont riches. Si tous les habitants les plus pauvres de la terre se mettaient soudainement à rejeter autant de CO2 que les Européens, les émissions exploseraient.
« Si tu fais attention toute l’année, tu peux bien te faire plaisir avec un voyage en avion de temps en temps. »
Si on fait des efforts toute l’année en se déplacement à vélo et en transports en commun, en mangeant bio et local, en pratiquant de zéro-déchet, en mangeant moins de viande, en achetant moins et d’occasion, pourquoi ruiner tous ces efforts d’un coup en prenant un avion ? Ne pas prendre un avion est l’action la plus impactante qu’on puisse avoir pour diminuer notre impact carbone.
« Tu n’as que quelques semaines de vacances par an, l’avion est le seul moyen de voyager rapidement. »
Pour des vacances de quelques semaines, pourquoi ne pas privilégier des destinations européennes ? Si on veut vraiment découvrir d’autres continents, il est toujours possible de partir voyager moins souvent, mais plus longtemps. Bien sûr, ça a un impact sur notre mode de vie. On doit faire attention à ses dépenses pour économiser, on doit repousser un projet d’achat de logement ou de voiture… Finalement, tout est une question de priorité.
« Tu ne fais pas comme les touristes qui prennent l’avion pour passer quelques semaines à l’autre bout du monde. Toi, tu pars pour plusieurs mois, voire plusieurs années. »
Même si on a l’impression que c’est moins « mal » de prendre de l’avion pour partir longtemps que pour de simples vacances, il n’empêche que notre l’empreinte carbone de notre vol sera la même. Un kilo de CO2 dans l’atmosphère reste un kilo de CO2 dans l’atmosphère, quel que soit le temps qu’on passe sur place. Finalement, ce qu’il faut regarder, c’est le nombre total de vols qu’on prend au cours de notre vie. Quand on voyage longtemps, on a justement le temps de prendre d’autres moyens de transport que l’avion.
« On ne va pas retourner à l’âge de pierre. »
Il est possible que dans le futur, des avancées technologiques nous permettent de prendre l’avion sans émettre de gaz à effet de serre, ou même qu’on invente des techniques de capture de carbone qui nous permettront de ne plus nous soucier de nos émissions. Mais pour l’instant, on en est loin et le climat continue de se réchauffer. On n’a donc malheureusement plus le temps d’attendre que la technique résolve le problème du réchauffement climatique.
Le bus est le deuxième moyen de transport le plus utilisé par les tourdumondistes après l’avion. Même si un bus longue distance consomme du diesel pour rouler, il génère en moyenne six fois moins de CO2 par passager qu’un vol court-courrier et cinq fois moins qu’une voiture avec un seul passager à bord.
C’est donc un excellent moyen de transport pour limiter votre impact sur le climat. Pour voyager de n’importe quel point A à n’importe quel point B dans le monde, il est presque toujours possible de prendre le bus, sauf s’il y a une mer ou un océan entre les deux points.
C’est quand même plus dépaysant de l’avion.
La plupart des trains dans le monde sont électriques. Ils ne rejettent donc pas de CO2 directement. Cependant, ils en rejettent indirectement si l’électricité qu’ils utilisent est produite à partir d’énergies fossiles (centrales à charbon, au gaz ou au pétrole).
En France, seulement 6 % de l’électricité provient des énergies fossiles. Les trains n’y émettent donc presque pas de CO2. Dans d’autres pays, comme la Russie, la Chine ou l’Inde, plus des deux tiers de l’électricité proviennent des énergies fossiles (Source : Banque Mondiale).
Cependant, même dans les pays qui produisent presque toute leur électricité avec des énergies fossiles, les trains sont à peine plus polluants que les bus (Source : ADEME). Les trains diesel émettent également à peine plus de CO2 que les bus par personne.
Un des meilleurs moyens d’économiser beaucoup de CO2 est de prendre le transsibérien. Cela vous évitera un très long vol entre l’Europe et l’Asie. La Russie produisant 65 % de son électricité grâce aux énergies fossiles, le train y génère environ 59 g équivalent CO2 par km-passager, soit 3,5 fois moins qu’un avion long-courrier.
Si vous choisissez de faire un long voyage avec votre voiture, est-ce que vous polluerez moins qu’en avion ?
La plupart des tourdumondistes qui partent en voiture optent pour un 4×4. En utilisant la méthodologie de l’ADEME qui inclut les émissions indirectes, notamment celles liées à la fabrication du véhicule, un Toyota Land Cruiser émet 316 g équivalent CO2 par km. Avec un seul passager à bord, les émissions par personne sont donc supérieures à celles de l’avion. Dès qu’il y a deux personnes à bord, les émissions par personne deviennent inférieures à celles de l’avion : 158 g équivalent CO2 par km par personne contre 209 g pour un avion long-courrier.
Cependant, même avec quatre passagers à bord, une voiture reste plus polluante que le bus ou le train.
Si vous voyagez en voiture, prendre des auto-stoppeurs en route est un bon moyen de faire diminuer les émissions par passager.
Le van, ça rend bien sur Instagram, mais ça pollue autant que l’avion.
Un van récent de type Volkswagen T4 consomme environ 60 % de plus qu’une voiture française moyenne. Même avec deux passagers à bord un van émet donc autant de CO2 par personne qu’un avion long-courrier. Le voyage en van n’a donc pas beaucoup d’intérêt en terme environnemental, sauf si vous arrivez à voyager avec au moins trois personnes dedans.
Toutefois, si vous dormez dans votre van, vous éviterez les émissions liées au logement « en dur » (qui ne sont pas très élevées dans les pays chauds).
Beaucoup de voyageurs louent des vans en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Californie au Canada ou en Amérique latine. Si vous choisissez plutôt de louer une petite voiture et d’acheter une tente, ça vous coûtera moins cher et vous émettrez beaucoup moins de CO2.
Un camping-car récent de type Iveco Ducato consomme environ deux fois plus qu’une voiture française moyenne. Si vous voyagez en famille avec deux enfants, ce moyen de transport est donc moins polluant (127 g équivalent CO2 par km-passager) pour un trajet terrestre qu’un avion long-courrier (209 g équivalent CO2 par km-passager).
Cependant, si vous faites un tour du monde et devez traverser des océans, il faut aussi prendre en compte les émissions liées au transport de votre camping-car par bateau. D’après l’ADEME, le transport d’un véhicule par bateau roulier est très polluant. Il génère 419 g équivalent CO2 par kilomètre. Comme il est interdit aux passagers de monter dans le bateau avec leur véhicule, vous devrez en plus prendre l’avion.
Le voyage en camping-car est donc moins polluant que l’avion si vous voyagez en famille et n’allez ni en Amérique ni en Océanie ou si vous achetez / louez votre véhicule en arrivant sur ces continents. En revanche, il est plus polluant que l’avion si vous le faites transporter en bateau entre les continents.
Comme pour le van, si vous dormez dans votre camping-car, vous éviterez les émissions liées au logement « en dur » (qui ne sont pas très élevées dans les pays chauds).
Les tourdumondistes qui partent à moto optent généralement pour de grosses cylindrées. Les émissions d’une moto de plus de plus de 750 cm3 sont de 238 g équivalent CO2 par km, soit plus qu’un avion long-courrier. La moto est donc l’un des pires modes de transport du point de vue environnemental.
Si vous voyagez en auto-stop, vous utiliserez des véhicules qui émettent du CO2. Cependant, on considère que ce mode de transport ne contribue pas au réchauffement climatique, car aucun automobiliste n’utilisera sa voiture dans le seul but de prendre un auto-stoppeur. Vos trajets n’augmenteront donc pas la demande de transport. Il est possible que le conducteur fasse un petit détour pour vous déposer à un endroit précis, mais c’est négligeable.
Le vélo n’émet aucun CO2. On pourrait considérer que vous mangez plus pour fournir l’énergie vous permettant de pédaler toute la journée et que ça engendre des émissions, mais c’est négligeable. Si vous faites un tour du monde, il vous faudra cependant trouver une solution, si possible autre que le pédalo, pour traverser les océans.
De plus en plus de villes dans le monde proposent des systèmes de location de vélo en libre-service du type Vélib. C’est un excellent moyen de les explorer librement sans polluer.
Nos copains Kris et Amélie au Guatemala
Le voilier est le moyen de transport zéro carbone par excellence (sauf à l’approche des ports où on utilise un petit moteur, mais c’est presque négligeable).
Vous pouvez soit acheter / louer un bateau, soit faire du bateau-stop.
En effet, de nombreux propriétaires de voiliers recherchent des équipiers, pour les aider lors d’une traversée. Il n’est pas forcément nécessaire d’avoir une expérience de navigation.
Il ne vous sera généralement demandé qu’une simple participation à la caisse de bord pour couvrir le coût de la nourriture, des places de port et du carburant pour les entrées et sorties des ports.
Si le bateau est suffisamment gros, vous pourrez y embarquer votre vélo.
Vous pouvez trouver des offres d’embarquement ou poster des demandes sur les sites Vogavecmoi et Bourse aux équipiers.
Sur certains cargos, il est possible d’embarquer comme passager. Un cargo émet beaucoup de CO2. Cependant, comme pour l’auto-stop, votre présence à bord n’augmentera pas la demande de transport. En effet, les revenus générés par les passagers sont négligeables pour un cargo et il partira même si les cabines passagers sont toutes vides.
Votre notre dossier sur le voyage en cargo
L’ADEME ne donne pas de chiffres pour les émissions des paquebots. Cependant, on peut supposer qu’ils sont au moins similaires à ceux des ferries et sans doute même supérieurs, car ils ne transportent que des passagers et n’ont donc aucune part de leurs émissions de CO2 allouée au transport des véhicules.
Un ferry émet 267 g équivalent CO2 par km, contre 209 g pour un avion long-courrier.
Le ferry et le paquebot sont donc parmi les pires moyens de transport du point de vue des émissions de CO2. De plus, ils rejettent d’énormes quantités de particules fines sur les villes dans lesquelles y s’arrêtent.
Ce module vous permet de rechercher parmi plus de 10 000 itinéraires créés par les autres voyageurs sur le planificateur A-contresens pour vous en inspirer. Nous l’avons réglé pour n’afficher que les trajets de plus de neuf mois avec maximum quatre vols, mais vous pouvez modifier ces critères de recherche et/ou en ajouter d’autres.
L’équipement que vous achetez avant ou pendant votre voyage a un impact sur l’environnement. La fabrication de vos vêtements et de votre matériel émet des gaz à effet de serre, consomme une grande quantité d’eau et génère des substances chimiques nocives qui sont parfois rejetées dans la nature. Ils sont souvent fabriqués en Asie et leur transport vers l’Europe participe au réchauffement climatique. De plus, à la fin de leur vie, ils finiront comme déchets pour la plupart difficilement recyclables. Ils pollueront donc le sol s’ils sont enfouis, généreront du CO2 s’ils sont incinérés ou finiront dans la nature ou l’océan s’ils ne sont pas traités.
Une gourde filtrante permet d’éviter de jeter des centaines de bouteilles d’eau en plastique.
Quand vous voyagez dans des pays tempérés ou froids, les émissions de CO2 liées au chauffage seront le principal impact environnemental de vos logements.
Quand vous voyagez sous des climats tropicaux, les logements dans lesquels vous dormirez n’auront pas besoin d’être chauffés. Par contre, ils peuvent être climatisés. La climatisation consomme beaucoup d’électricité qui est majoritairement produite à partir d’énergies fossiles en Afrique, en Amérique latine et en Asie. De plus, les climatiseurs utilisent des gaz appelés hydrofluorocarbones (HFC) qui peuvent s’échapper en cas de fuite ou lorsque l’appareil est jeté. Les HFC représentent une faible part des gaz à effet de serre, mais ils emprisonnent des milliers de fois plus de chaleur que le CO2.
La construction des logements pour les voyageurs consomme également beaucoup d’énergie (la production de ciment/béton représente 8 % des émissions de CO2 dans le monde). Elle empiète aussi parfois sur des habitats naturels.
Enfin, les rejets d’eaux usées pas toujours traitées des logements touristiques sont une source de pollution qui affecte la vie aquatique des cours d’eau et des océans avoisinants.
Dormir sous la tente, y a pas mieux pour la planète.
L’agriculture a un fort impact sur le climat. Selon l’EPA, elle représente 24 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cependant, contrairement aux autres facteurs de réchauffement, son empreinte n’est presque pas due aux émissions de CO2. Les trois principales façons dont l’agriculture affecte le climat sont :
Les aliments qui ont le plus d’impact sur le climat sont la viande (principalement la viande bovine) et les produits laitiers. (83 % de la surface agricole mondiale est utilisée pour l’élevage : pâturage du bétail et cultures destinées à le nourrir).
Les déchets organiques des animaux et les pesticides utilisés pour les cultures destinées à les nourrir polluent également les sols. De plus, cultiver de la nourriture pour les animaux consomme beaucoup plus d’eau que de cultiver des végétaux pour les manger directement.
En voyage vous mangerez souvent au restaurant. Vos repas peuvent donc aussi générer beaucoup de déchets.
30 % des Indiens sont végétariens. À Rome, fait comme les Romains.
Le tourisme impose une forte pression aux écosystèmes naturels. Les voyageurs peuvent introduire des espèces invasives et des maladies, font du bruit, interagissent avec les animaux, piétinent ou cueillent des plantes, laissent des déchets, salissent le cours d’eau…
Pourquoi ne pas plutôt aller faire une randonnée ?
La compensation carbone a pour but de contrebalancer les émissions produites par vos trajets en avion en finançant des projets censés diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans les mêmes quantités. Ces projets sont généralement situés dans des pays en développement.
Il existe trois principaux types de projets :
De nombreux organismes vous permettent de compenser vos émissions de CO2. Certains sont des entreprises, d’autres sont des associations. Si vous voulez compenser vos émissions, nous vous recommandons de passer par l’une des deux associations recommandées par l’ADEME sur son site Info Compensation Carbone : CO2 Solidaire ou la Fondation Goodplanet .
Les projets financés par ces associations :
La compensation d’un tour du monde émettant 20 tonnes de CO2 coûte entre 400 et 500 €.
Cependant, la compensation des émissions a des limites. Lorsqu’on émet du CO2, celui-ci reste dans l’atmosphère, même si on paye pour qu’un paysan péruvien réduise son empreinte carbone à notre place. La compensation carbone est considérée par certains comme une forme de « greenwashing ». En effet, est-ce qu’elle n’est pas juste un moyen de nous acheter une bonne conscience sans avoir à modifier nos comportements ?
Voir l’article des Décodeurs du journal Le Monde : Le principe de compensation carbone est-il efficace ?